lundi 24 septembre 2007

Les 3 portes de la Sagesse

Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.
« Éclaire-moi sur le Sentier de la Vie » , demanda le Prince.
« Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi. »
Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie.



Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire « CHANGE LE MONDE ».
« C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas. » Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent.



Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » « J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas ». « C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise ». Et il disparut.



Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire « CHANGE LES AUTRES ». « C’était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. » Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.


Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » « J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses. » « Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Sois reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir. » Et le Vieil Homme disparut.


Peu après, le Prince arriva devant une porte où figurait ces mots « CHANGE-TOI TOI-MÊME ». « Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire, » se dit-il. Et il entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.



Après bien des années de ce combat où il connut quelques succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :
« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
« j’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser. »
« C’est bien, » dit le Sage.
« Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise. » « C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. » Et il disparut.



Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la troisième porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait
« ACCEPTE-TOI TOI-MÊME. »
le Prince s’étonna de ne pas avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens. « Quand on combat on devient aveugle, se dit-il. » Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.



Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda :
« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
« J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement. » « C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la troisième porte. »



À peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut « ACCEPTE LES AUTRES ».
Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu.



Il rencontra à nouveau le Vieux sage. « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » demanda ce dernier.
J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement. » « C’est bien, dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse, tu peux franchir à nouveau la deuxième porte. »
Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut
« ACCEPTE LE MONDE ».



Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou son regard ?


Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :
« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
« J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste, ni gai.
Il est là ; il existe ; c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement. »


C’est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde. » Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita. « Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence.»
Et le Vieil Homme disparut.

***

En analyse transactionnelle, une école de psychologie moderne, on considère que les autres personnes sont pour vous « O.K. » ou « pas O.K. ». Si elles sont O.K., vous les acceptez telles qu’elles sont. Mais si elles ne sont pas O.K., c’est-à-dire qu’elles ne partagent pas votre système de valeur, qu’elles ne se comportent pas comme vous aimeriez qu’elles le fassent, comme vous le feriez sans doute à leur place, il n’y a plus qu’une solution : les changer.
On cherche à changer d’abord ses enfants, son compagnon ou sa compagne, ses amis, ses collègues, ses employés, ses subalternes, etc.
C’est naturellement peine perdue.



Mais ce qui est curieux, c’est que les défauts des autres qui nous énervent le plus sont ceux que nous combattons en nous – ou que nous avons combattus par le passé. Il est toujours bon, avant de parler de la paille de son voisin, de s’intéresser à la poutre qu’on a dans son oeil.
C’est ce que le Prince a découvert lorsqu’il dit que les autres ne sont pas la cause ou la source de ses joies et de ses peines, mais le révélateur ou l’occasion.



Nous sommes tellement centrés sur nous-mêmes que quelquefois nous prenons une remarque anodine pour une attaque personnelle. Or, même les attaques personnelles sont le plus souvent l’expression d’un problème qu’a la personne qui parle, et non de vous !



NE LE PRENEZ PAS PERSONNELLEMENT.



Un de mes amis médecin a pour habitude, au lieu de réagir et de rentrer dans le jeu (souvenez-vous du triangle infernal, Persécuteur – Victime – Sauveur), de penser à la personne en face en termes de maladie : « Le pauvre, son foie est malade, il métabolise mal le sucre et quand il est en manque il devient agressif ». Si vous avez côtoyé un(e) diabétique, vous connaissez sans doute le processus : après une piqûre d’insuline, le diabétique peut devenir incroyablement agressif – puis redevenir normal après avoir mangé un Mars® ou un Milky Way®.



Ce n’est pas toujours le foie de l’autre qui est en cause ; ce peut être son histoire personnelle et son subconscient qui réagissent à une situation antérieure traumatisante, même si la situation présente est en fait différente.



Dans tous les cas, NE LE PRENEZ PAS PERSONELLEMENT. Car si vous réagissez au ¼ de tour, vous risquez de déclencher des drames qui se retourneront contre vous.
La clef est l’empathie ; échangez votre point de vue avec celui de l’autre. Dites-vous : « Si j’avais son histoire personnelle, son métabolisme, si je me trouvais dans sa situation, je réagirais de la même façon ». Il vous deviendra facile ensuite d’amortir la suite de la conversation en disant : « Je comprends ce que vous ressentez. D’ailleurs si j’étais à votre place j’agirais de la même façon. Cela m’est arrivé. Et je me suis rendu compte que… »
Mais, me direz-vous, il y a des gens avec lesquels on ne peut même pas parler ! Ceux qui vous écrivent un e-mail du genre « Arrêtez de m’envoyer cette merde » « Allez vous faire voir » ou pire encore… Bénissez-les. Car comment apprécier le soleil si l’on ne connaît pas les nuages ? Comment apprécier la vie si l’on n’a pas frôlé la mort ?
Les gens négatifs ont du pouvoir sur vous ? S’ils vous font de l’effet, c’est parce que vous leur en donnez l’autorisation. Pensez-y...


***
Dire qu’il est impossible de se changer soi-même serait exagéré. Mais c’est difficile, surtout si on veut tout changer d’un coup. Vous pouvez, par exemple, vous fixer un objectif par année. Puis lire, discuter, participer à des séminaires, expérimenter, réfléchir, méditer…
Mais le préalable est de se connaître soi-même, ou plutôt de connaître les limites que nous nous sommes fixés. Les vrais amis, à la façon de miroirs de votre comportement, peuvent vous aider si vous le leur demandez. Les séminaires, où des participants que vous ne verrez sans doute plus jamais sont disponibles pour vous parler de vous, vous rendront également service.

Il y a quantité d’autres moyens : vous faire faire une analyse graphologique, passer des tests d’embauche et vous procurer les résultats, vous comparer à un modèle (ou à un anti-modèle), vous faire faire un horoscope ou une voyance – que vous y croyiez ou non n’a pas d’importance, ce sera de toute façon un révélateur, ne serait-ce que parce que vous serez d’accord ou pas d’accord avec certaines choses -.

La traversée d’expériences est un bon moyen de se connaître, surtout si on sait en faire un bilan positif. Ce bilan sera le noyau de votre confiance en vous, cette certitude intérieure que, quoi qu’il arrive, vous avez en vous les ressources qui vous permettent de vous en sortir.
Lire un roman, voir un film, assister à une pièce de théâtre sont des moyens de se connaître. Nos émois, nos enthousiasmes, nos peurs et nos inimitiés sont des signes.
Noter ses rêves, y réfléchir, en parler est un moyen formidable de mieux se connaître.
Mais pour s’aventurer dans tout cela, il faut se débarrasser de la peur. Peur d’être jugé. Peur de découvrir un monstre à l’intérieur de vous. Peur de ne pas être à la hauteur.
On a peur de ce que l’on ne connaît pas. C’est en vous connaissant mieux que vous vaincrez cette peur. C’est aussi ainsi que vous vous accepterez vous-même.

Plus vous vous connaîtrez, plus vous trouverez en vous les traces de votre père et de votre mère. Ils sont toujours en vous. Si vos parents étaient critiques, vous vous critiquez vous-même. S’ils étaient permissifs, vous vous donnez des permissions. S’ils étaient autoritaires, vous vous donnez des ordres. À moins que vous n’ayez pris le contre-pied de leur attitude !

Vous devez les accepter,puis autoriser ou bannir leurs conseils et leurs ordres. Vous avez le droit d’être vous-même. Vous êtes unique. C’est à vous de décider et non à ceux qui vous ont élevé.
S’affranchir, dans votre dialogue intérieur et dans votre comportement, des injonctions de vos parents est un processus passionnant.
Cela ne veut pas dire que la présence de vos parents en vous est à rejeter. Vous ne pourrez vous en défaire qu’en l’acceptant.


***

J’ai tous les jours des mails de correspondants qui se sentent mal parce que le monde va mal. Il n’est pas comme ils le souhaiteraient : il y a de la pollution, de l’injustice, la grande partie de l’humanité vit dans la misère, et ils se sentent responsables de cela. Chaque image d’un enfant qui meurt, chaque témoignage d’un drame les atteint.
Il est vrai que nous faisons partie d’un tout. Vous pouvez considérer ce qui ne va pas comme une blessure. Mais est-ce en se concentrant sur la blessure, sur ses risques, sur la douleur, que l’on cicatrise plus vite ? Non. Et les Chamans qui savent cicatriser une plaie en quelques minutes créent des images positives de réparation et de guérison.
Le monde ne changera pas d’un coup, et vous êtes une fourmi à l’échelle de l’humanité. Mais si vous acceptez cela et rendez votre monde meilleur, celui de vos proches, celui de ceux que vous côtoyez, vous apportez votre pierre à l’édifice de l’univers.
La plus grande force de l’être humain est l’espoir. Cultivez-le.

Vous êtes destiné à profiter des joies de l’existence et si vous gâchez votre potentiel de joie et de bonheur, vous vous créez votre propre enfer. J’ai bien l’impression que si un au-delà existe, il sera à l’image de votre vie présente. Et si vous vous réincarnez un jour, il vous faudra repartir de là où vous êtes parvenu dans votre vie précédente.



Faites donc de votre vie un chef d’oeuvre. Réveillez-vous. Prenez conscience, au-delà de vos faiblesses, de vos forces stupéfiantes, de votre potentiel infini et de la merveille que représente l’instant présent.

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Histoires Magiques
Du Club-Positif
Par Christian H. Godefroy

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