« Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des 3 passoires. »
« Les 3 passoires? »
« Mais oui, reprit Socrate. Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire.
C'est ce que j'appelle le test des 3 passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai? »
« Non. J'en ai simplement entendu parler… »
« Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité. »
« Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est ce quelque chose de bon? »
« Ah non! Au contraire. » « Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain si elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait? »
« Non. Pas vraiment. »
« Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire? »
Tous les jours, nous entendons dire des choses sur nos proches et sur des étrangers. Les journaux sont pleins de rumeurs et de déclarations. Ces rumeurs et ces nouvelles alimentent nos conversations : "Tu te rends compte, untel a fait ceci ou cela!"
Que se passerait-il si nous faisions passer le test des 3 passoires à toutes les conversations? Il ne resterait pas grand chose.
A chaque fois qu'il m'a été donné de voir une émission ou de lire un article sur un événement ou une nouvelle que je connaissais de l'intérieur, j'ai toujours été effaré de voir combien la réalité était déformée.
Toutes les techniques employées par Hitler sont là :
- L'amalgame – On mélange un fait réel avec un fait erroné.
- La rumeur – Dire quelque chose de faux sur quelqu'un, il en restera toujours quelque chose.
- La généralité – rapprocher ce qui est dit d'une généralité admise pour le faire accepter.
- Le témoignage – Si une personne le dit, c'est sans doute vrai, surtout si cette personne a une autorité.
- L'analogie – Prendre une image ou une histoire pour illustrer votre propos dont la conclusion est évidente.
- L'autorité – Utiliser des symboles qui donnent à la source une autorité telle que l'on ne peut mettre en doute sa parole.
A moins de vérifier par soi-même les faits, il est impossible de se fier à ce que les médias nous concoctent.
Au moment du printemps de Prague, j'étais aux frontières de la Tchécoslovaquie, et je pouvais capter à la fois une radio communiste et Radio Monte-Carlo. La propagande était tellement bien faite que, rapportant les mêmes évènements, les 2 radios leur donnaient des significations opposées – et je n'arrivais pas à me faire une opinion.
Remontez toujours aux sources et ne vous fiez pas aux témoignages. Lorsque j'étais adolescent, j'étais passionné de prestidigitation. Il m'arrivait d'entendre un spectateur décrire un de mes tours. Tel que décrit, le tour était le plus souvent IMPOSSIBLE à réaliser. Nous déformons les faits en fonction de nos attentes et de nos préjugés.
Parlons de bonté.
Chaque fait peut être interprété de plusieurs façons : d'une manière positive ou négative. Or nous sommes attirés par le négatif, le scandale, et les médias cultivent notre attirance pour cela. Lorsque vous colportez une nouvelle, posez-vous la question suivante : Il y a des films dont on sort en se sentant meilleurs qu'en rentrant dans la salle, d'autres qui nous salissent et nous laissent un goût d'amertume. Quel va être l'effet de la nouvelle que vous allez propager?
Un de nos amis, qui faisait constamment faillite et n'avait jamais un sou devant lui, fit un travail psychologique pour trouver l'origine de son travers.
Il tomba sur une raison surprenante. Ses grands-parents, qui l'avaient élevé, lisaient des journaux à scandale et en avaient déduit que "les gens riches ne sont jamais heureux". Ils sont malades, trahis, ont des revers de fortune, divorcent, etc.
Ils avaient donc convaincu leur petit-fils que richesse=ennuis et malheurs. Pas étonnant qu'il ne puisse réussir pleinement! 3 ans plus tard, après un travail psychologique de reprogrammation mentale, il était très fortuné – et heureux.
Un des grands problèmes de ce que l'on dit sur les autres est l'amalgame que nous faisons entre ce que les gens FONT et ce qu'ils SONT. Si votre enfant agit mal, triche, vole, son action est condamnable. Mais vous l'aimez cependant, car c'est votre enfant. Le menacer de lui retirer votre amour ne fera que brouiller les cartes.
C'est au contraire en séparant son acte de lui que vous pourrez l'aider à s'amender "Tu as fait cela mais tu n'es pas cela et je t'aime toujours".
Nous avons tous droit à l'erreur. Il est bien mieux d'exprimer ce que nous ressentons : notre peine, notre colère, etc. plutôt que d'accuser. N'oubliez pas que lorsqu'on montre quelqu'un du doigt, quatre autres doigts pointent vers… nous!
Pour moi, colporter des ragots est de même nature que les fantastiques embouteillages sur l'autoroute lorsqu'il y a un accident. Les gens veulent voir du sang. De deux choses l'une : ou on peut être utile, dégager un blessé, prévenir les autorités, etc. ou on ne fait qu'aggraver la situation. Cette curiosité morbide m'insupporte d'autant plus qu'un jour, alors que j'avais fait quelques tonneaux avec ma voiture, en reprenant mes esprits, j'ai vu un énorme cercle de badauds à bonne distance de l'épave, attendant l'incendie ou l'explosion, sûrs que j'étais mort.
Il a fallu que je crie en demandant de l'aide pour qu'un courageux fasse quelque chose (me dégager) au lieu de regarder.
Comme le disait Molière : "Je hais les coeurs pusillanimes qui, pour trop embrasser la face des choses, n'osent rien entreprendre".
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Histoires Magiques
Du Club-Positif
Par Christian H. Godefroy
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